ROYAN VAUX AFC -FERRE PASCAL-

Le football régional a mal à ses têtes

22.03.2007

Le football régional a mal à ses têtes


Le monde du foot régional s'est retrouvé hier à Puymoyen autour du président de la FFF, Jean-Pierre Escalette, pour comprendre pourquoi tous les clubs de niveau national sont relégables avec souvent des soucis financiers.
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•infographie Charente Libre
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Maurice BONTINCK
J'espère que vous ne faites pas ça avec votre budget familial!» Il aura fallu attendre un peu plus de trois heures pour que le conseiller technique régional de la Ligue, Gilles Bouard, ose enfin mettre les pieds dans le plat proposé hier à la Ligue du Centre-Ouest. Pendant toute la matinée, le monde du football régional a tenté d'analyser les raisons du désert dans lequel se trouve son football de haut niveau, avec seulement huit équipes de niveau national - jusqu'au CFA2 - toutes menacées de relégation en fin de saison, sauf la réserve de Niort (voir ci-contre)!
«Manque de moyens», «manque d'intérêt des sponsors ou des collectivités»... Sous le regard de l'invité de marque Jean-Pierre Escalettes, le président de la FFF, tout y est passé pour expliquer ce désert rendu à peine moins aride grâce aux Chamois Niortais, même mal en point en L2. Rien de très nouveau jusque-là. Jusqu'à ce que Gilles Bouard pointe du doigt les principaux responsables. «Voir une seule personne détruire un club avec 450 licenciés, ça ne peut plus durer!». Certains dirigeants s'occupent en effet de leur club, comme on joue «au Monopoly» pour reprendre l'expression de Jean-Marc Granger, le président de l'UAC, actuellement relégable en CFA2 mais l'un des rares à être positif dans ses comptes. Un véritable exploit dans la région.
Trois points de pénalité pour Châtellerault
Limoges vient d'annoncer officiellement un déficit de 160.000 euros, quatre ans après son dernier dépôt de bilan (lire ci-dessous). Châtellerault a un trou d'au moins 310.000 euros en National et a écopé hier d'une pénalité de trois points pour dépassement de la masse salariale la saison dernière. Poitiers fait fusionner les deux clubs de la ville cette année après un dépôt de bilan du Stade Poitevin l'an passé pour 323.000 euros de déficit. On en oublierait presque les dernières liquidations de Saintes, La Rochelle ou l'ASAC. «Nous sommes dans les cartons du football, voire plus après avoir connu une liquidation peu glorieuse», résume pour son club et pour tout le monde Jacques Dillenbourg, l'adjoint aux sports de la mairie de La Rochelle.
L'un des rares élus municipaux présents dans cette réunion - avec son homologue de Poitiers, Jean-Pierre Garnier - a mis en avant l'une des principales raisons de la fuite en avant de nombreux clubs. «L'argent est tabou dans les clubs qui manquent souvent de transparence. Quand on arrive à avoir des comptes rendus du comité directeur, il n'est jamais question des finances.» Difficile dans ces conditions pour les collectivités de faire confiance aux dirigeants, quand le maire apprend dans la presse un trou de 160.000 euros, comme ce fut le cas l'an passé à Châtellerault. A contrario, le sérieux et l'expérience de Jacques Prévost ont rassuré ses partenaires publics et privés quand Niort est descendu en National, l'an passé. «Les personnes sont reparties avec nous parce qu'ils ont confiance en la qualité de Jacques», raconte Pascal Gastien, directeur du centre de formation des Chamois, présent pour montrer qu'il est quand même possible d'atteindre le haut niveau avec des moyens limités.

[Publicité]Qualité des dirigeants ou non, les collectivités répondent pourtant présent pour boucher les trous, parce qu'une liquidation fait souvent mauvais genre. «Avec la rallonge de 35.000 euros de la mairie, c'est bon, on pourra tenir jusqu'en mai, explique ainsi le tout nouveau président du Limoges FC, Alain Merigoux. Et puis après, il y aura les subventions…»
Renforcer les contrôles
Son homologue cognaçais, Jean-Marc Granger s'étrangle presque. Pas seulement parce que Limoges, malgré ses erreurs de gestion pourrait se maintenir en fin de saison aux dépens de Cognac en CFA2, mais surtout parce qu'il ne comprend pas comment des clubs déficitaires peuvent continuer à recruter sans que personne ne trouve rien à redire. «A la Direction Régionale de Contrôle de Gestion (DRCG), on m'a chaudement félicité parce que j'étais un des rares à présenter mes comptes à l'heure. Comme si c'était extraordinaire!»
Et pourtant, c'est bien un exploit, comme le confirme Michel Lavarague, vice-président de l'ACFC et membre de cette DRCG, chargée de vérifier les comptes des clubs nationaux et même le cas échéant d'empêcher un club de monter ou de se maintenir en cas de gros déficit. «Le problème c'est que certains clubs soit ne fournissent pas les documents, soit leurs documents ne sont pas complets…» En décembre dernier par exemple, Gérard Ségalat, l'ex-président de Limoges, qui était contrôlé à cette période parce qu'il était déjà en difficulté l'an passé, n'a pas pris la peine de présenter sa comptabilité, mais a tout de même trouvé le temps de recruter deux joueurs venus d'Antony, en région parisienne.
Certains espèrent voir le rôle de la DRCG se renforcer pour vraiment avoir le pouvoir de stopper ces dérives. «Le problème, c'est qu'un seul homme peut couler un club, explique Jean-Marc Granger. Si un matin, je me lève et que je décide de recruter un joueur quatre ans à 5.000 euros par mois, qui peut m'en empêcher?»



22/03/2007
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